LE BESOIN

 

Un départ absurde, forcé. Comme dit Montaigne, l’esprit se doit d’aller « s’aiguiser  en se confrontant à l’altérité« . Le besoin de se perdre, de s’en remettre à l’imprévu pour jaillir. Voilà le voyageur en route, à cheval entre les certitudes et les doutes. Le temps ralentit soudain et l’absorbe au passage. La pensée s’éclaircit, s’affine. Les évidences se lèvent et se placent telle l’alignement des chromosomes lors du processus de la mitose. Le voyageur se divise et gagne en nuances. Vient alors l’invocation de la couleur des mots, l’élocution des visions, les cris du silence, les murmures d’une rencontre. Il s’amuse à déchiffrer l’écriture kaléidoscopique de la nostalgie du monde. Finit par créer, par voir ce qu’il dessine et appartenir peu à peu à l’ombre des feuillages et la danse qu’elles mènent.

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